Histoire
Par Pete-motitas
Mis à jour le 17/08/2022 à 13:30.
Oui bonsoir,
Après avoir vu la monture F dans ses débuts, nous allons désormais aborder sa première évolution majeure, qui apparaît 18 ans plus tard.
- Caractéristiques techniques
- Évolutions de la monture
- La monture F et les autres fabricants
- Et maintenant ?
1977 : Version Ai
Arrière d'un objectif Ai
En 1977, la monture F a connu sa première évolution majeure, avec l’apparition de l’indexation automatique (Automatic maximum aperture indexing en anglais), plus connue sous l’appellation Ai.
Cette modification consiste, au niveau du boîtier, en l’ajout d’un ergot de couplage, juste autour de la monture, en lieu et place de la bague d’ouverture.
Ergot de couplage Ai
Côté objectif, un rabotage de l’arête de la bague de diaphragme sur une grande partie de son périmètre. C’est la partie restante qui tournera l’ergot de couplage au fur-et-à-mesure que la bague de diaphragme sera tournée. Une seconde échelle d'ouvertures, plus petite, figure sous la fourchette de couplage, qui est désormais positionnée dans le sens inverse. Cette seconde échelle est visible dans le viseur sur certains boîtiers.
Bague d'ouverture d'un objectif Ai
Contrairement à la version pré-Ai qui avait sa fourchette de couplage toujours située au niveau de l’ouverture à 5.6, sur les objectifs Ai l’arête de la bague est plus ou moins longue en fonction de l’ouverture maximum de l’objectif.
La longueur des arêtes de couplage Ai dépend de l'ouverture maximum
Une autre petite arête se situe du côté de la goupille de diaphragme. Si elle n’est pas utilisée dans les premières années de la monture Ai, son intérêt sera effectif quelques années plus tard, sur les futurs boitiers motorisés.
Détecteur de couplage
Les objectifs Ai ont gardé leur fourchette de couplage, permettant de les utiliser sur les boîtiers anciens. Les objectifs non-Ai, quant à eux, ne peuvent pas se monter sur tous les boîtiers, car leur bague de diaphragme peut endommager l’ergot de couplage Ai du boîtier, ce qui peut le rendre inutilisable avec de nombreux objectifs, ou la plupart des modes.
Objectif Ai sur un boîtier
Toutefois, certains boîtiers sont pourvus d’un ergot de couplage rétractable, ce qui permet d’utiliser les deux versions de la monture. Ces boîtiers sont les FM, FE, EL2, F3, F4 et Nikkormat FT3 pour les argentiques. Il était également possible de faire modifier le F5 sur demande à sa sortie, de sorte à le rendre compatible avec les objectifs non-Ai. On peut aussi citer les boîtiers F2A et F2AS qui, grâce à leurs viseurs respectifs DP-11 et DP-12 bénéficiaient de ce couplage Ai rétractable. Côté réflex numériques, seul le Df est prévu pour etre utilisé avec ces objectifs. Toutefois nous verrons dans le chapitre suivant que d'autres réflex non pourvus de cet ergot de couplage le permettent, mais seulement en mode manuel. Tous les appareils sans-miroir peuvent également utiliser ces objectifs, en mode manuel et priorité ouverture uniquement, via une bague d'adaptation.
Ergot de couplage Ai rétractable
Ergot de couplage Ai rétractable en position relevée
Objectif non-Ai monté
Enfin, pour assurer la compatibilité des anciens objectifs avec les appareils plus récents, Nikon proposait à l’époque des bagues de conversion Ai pour ses objectifs, qu’on appelle communément "convertis Ai" ou "modifiés Ai".
Bague de diaphragme d'un objectif modifié Ai
Ces bagues originales sont aujourd’hui difficilement trouvables mais il est toujours possible de convertir ses objectifs auprès d’artisans ou petits revendeurs. Il est également possible d’adapter la bague soi-même, en faisant bien attention de respecter les mesures nécessaires au bon couplage, et de préférence de le faire proprement.
1981 : Version Ai-S
En 1981 est sortie officiellement une évolution de la version Ai, à savoir la version Ai-S pour Automatic maximum aperture indexing and Shutter. Cette amélioration a été initialement prévue pour être utilisé avec la toute nouvelle mesure d'exposition matricielle, sortie en 1983 avec le Nikon FA.
Leur distinction d’avec les objectifs Ai se fait par la couleur orange vif sur les deux échelles d’ouverture du diaphragme la plus petite, mais aussi par une encoche sur la baïonnette.
Bague d'ouverture d'un objectif Ai-S
Baïonnette d'un objectif avec encoche Ai-S
Cette encoche vient se loger sur un doigt pour information de la focale. Ce doigt permet au boîtier de savoir que l'objectif monté est bien un Ai-S.
Les boîtiers disposant de ce doigt ne sont pas nombreux puisqu’il n’y a que le FA et le F4. Le FA est d'ailleurs le seul à permettre l'utilisation des modes P et S avec les objectifs Ai-S.
Doigt pour information de la focale (Photo de Patrick Demptinne)
Avec cette nouveauté, apparaissent les modes P (pour Programme, qui ajuste le couple ouverture du diaphragme et vitesse d'obturation en fonction de la sensibilité de la pellicule utilisée et de l'exposition) et S (comme Speed, ou priorité Vitesse). Ces deux modes nécessitent que le diaphragme soit fermé au maximum, afin de laisser le boîtier contrôler l'ouverture lui-même.
La nécessité d'utiliser cette position fermée est le plus souvent liée à la goupille de diaphragme qui change de position selon l’ouverture choisie.
En effet, sur la plupart des objectifs Nikkor (y compris non-Ai et Ai) celle-ci est immobile en position ouverte, mais est actionnable en position fermée. Le boîtier l’actionne désormais selon l’ouverture sélectionnée.
Diaphragme ouvert : la goupille est bloquée à gauche
Diaphragme fermé : la goupille est mobile et permet l’ouverture de diaphragme en l’actionnant
Dans le cas des programmes P et S, c'est le boîtier qui sélectionnera l'ouverture et actionnera la goupille de sorte à contrôler dynamiquement son ouverture.
1979 : Series E
Petit aparté sur une série d'objectifs lancée en 1979. Au nombre de 8, ils sont, en réalité, les premiers objectifs de type Ai-S, version qui ne date donc pas de 1981. En effet, Nikon a sorti une version économique de ses objectifs baptisée Series E (E comme Économique). Cette série, décriée à l’époque, a pour particularité d’avoir une construction optique relativement simple, un traitement des lentilles à une seule couche, contrairement aux autres optiques, mais surtout - comble de l’horreur pour l‘époque - un revêtement en plastique. Ces optiques, qui ne sont pas estampillées Nikkor contrairement à toutes les autres de la marque, sont également les premières à avoir abandonné leur fourchette de couplage. Elles ont toutefois une construction intérieure métallique, une qualité optique loin d’être mauvaise et s’avèrent plus robustes que la plupart des optiques actuelles.
Nikon 50mm f/1.8 Series E
Ces évolutions nous amènent au cœur des années 1980, époque de nombreuses avancées technologiques. Si la mesure de lumière a connu de gros progrès, notamment grâce à l'apparition de la mesure matricielle, une des contraintes principales de la photographique concernait la mise au point, qui n'était jusqu'alors que manuelle.
Merci à Gautier pour son apport sur le F2.
Dans le prochain chapitre nous allons voir comment Nikon a su adapter sa monture pour y intégrer la mise au point automatique.