Histoire
Par Pete-motitas
Mis à jour le 17/08/2022 à 13:31.
Oui bonsoir,
Aujourd'hui j'ai décidé de me lancer dans un vaste sujet, et pas tellement intuitif : la monture F. Cette monture est celle utilisée par tous les réflex Nikon.
Elle est basée sur la monture italienne Rectaflex mise au point par l'ingénieur Telemaco Corsi. Après la faillite de Rectaflex en 1953, Asahi et Nikon rachetèrent le brevet de cette baïonnette. Ce rachat donnera naissance aux montures F de Nikon, et plus tard à la K de Pentax.
C'est en 1959 que Nikon va lancer la commercialisation de sa monture F, qui l'est encore de nos jours.
Vous l'avez sans doute appris, mais Nikon vient officiellement d'annoncer la fin du développement de sa gamme réflex. Cet article a été écrit le mois dernier, mais on peut dire que le timing est plutôt bien choisi. Nikon va donc continuer à produire ses réflex déjà existants, le dernier en date étant le D6, sorti il y a deux ans, mais elle a choisi de se concentrer exclusivement sur sa gamme sans-miroir (ou hybride, terme qui ne veut rien dire).
Pour en revenir au sujet du jour, la monture F, sa grande force est d'avoir su évoluer au fur-et-à-mesure des décennies pour s'adapter aux innovations technologiques, auxquelles elle a entièrement pris part. Cette longévité, et la rétrocompatibilité de la plupart de ses objectifs offrent un parc pléthorique de plusieurs centaines de modèles différents, sans parler des optiques fabriquées par des constructeurs tiers.
Ce vaste choix pose pourtant problème aux novices qui essaient de trouver un objectif compatible avec leur boîtier. Il m'arrive très souvent de croiser des gens qui s'interrogent sur la compatibilité - ou plutôt la non-compatibilité - de leur objectif avec leur boîtier.
Dans ce dossier de cinq articles, nous allons retracer l’évolution de cette monture en vous montrant leur impact sur la monture et son utilisation côté boîtier, comme côté objectif, sans pour autant entrer dans des détails trop techniques. Ceci dans le but d’éclaircir toutes les ombres qui peuvent exister sur le choix d’un objectif adapté à votre boîtier. Et vice versa.
- Caractéristiques techniques
- Évolutions de la monture
- La monture F et les autres fabricants
- Et maintenant ?
Caractéristiques techniques
La monture F a été conçue pour des appareils argentiques au format 35mm (ou 24x36mm), dont le premier fut le Nikon F, sorti en 1959.
C’est une monture à baïonnette à trois gorges et de diamètre interne de 44mm, qui a pour particularité d’avoir un tirage mécanique (ou distance focale de bride) de 46,5mm, soit un des plus longs sur ce format.
Baïonnette monture F
Pour simplifier, le tirage mécanique est la distance entre l’objectif et le plan focal (film en argentique ou capteur en numérique). C’est la monture qui détermine sa longueur, ceci conditionne la possibilité d'effectuer la mise au point sur l’infini – position de la lentille arrière la plus reculée.
Les réflex ont un tirage mécanique assez long car il faut laisser la place au miroir pour se relever afin de laisser passer la lumière sur le film ou capteur. Les nouveaux boîtiers n’ayant plus cette contrainte, les montures ont considérablement réduit cette distance, aux alentours des 20mm, voire moins.
L’avantage d’avoir un tirage mécanique long est qu’il est très facile d’adapter un objectif de cette monture sur un boîtier utilisant une autre monture à plus petit tirage, car il suffit de compenser cette différence par un adaptateur ajoutant la distance manquante. C’est pourquoi les objectifs de monture F sont facilement adaptables sur des boitiers réflex Canon ou à monture M42 et sur la quasi-totalité des sans-miroir.
Baïonnette côté boîtier
A contrario, adapter un objectif d’une autre monture sur un boîtier à monture F s’avère compliqué car le tirage mécanique de la monture originelle étant inférieur, on perdra alors la mise au point sur l’infini. Avant de comprendre tout cela, j’ai acheté un objectif à monture M42 avec un adaptateur pour l’utiliser sur un boîtier Nikon. Mais étant donné son tirage mécanique plus court, je ne pouvais pas photographier des sujets situés à plus de 2 mètres. Un peu comme si j'avais utilisé des bagues-allonge macro. Pour y remédier, il existe des adaptateurs avec une lentille intégrée censés permettre de faire la mise au point sur l'infini, mais cela ajoute une lentille supplémentaire, et donc une perte de qualité d'image.
Évolutions de la monture
De 1959 à la fin des années 2010, la monture F a donc connu diverses évolutions, qui lui ont permis de suivre les évolutions techniques développées par Nikon, mais aussi par ses concurrents. Ces évolutions se sont, pour la plupart, matérialisées par des modifications physiques des objectifs, mais aussi des boîtiers.
Pour que cela soit plus concret, nous allons détailler autant que possible ces évolutions, afin que vous puissiez vous représenter ces évolutions, mais surtout comprendre leur fonctionnement et leurs contraintes.
1959 : Première version
En 1959 est donc sorti le boîtier Nikon F, un des tout premiers réflex mono-objectifs pour films de 35mm. C'est lui qui a donné son nom à la monture. Dans cette première version, la sélection du diaphragme est effectuée via une bague de diaphragme qu'il est possible de tourner pour sélectionner l'ouverture voulue. Au déclenchement, un levier de commande actionne la goupille du diaphragme de l'objectif, qui s'ouvre en fonction de l'ouverture choisie.
Sur cette bague est située une fourchette de couplage (appelée aussi oreilles de lapin) vissée sur la bague de diaphragme de l’objectif. Elle se trouve en face de l’ouverture à 5.6.
Bague d'ouverture avec fourchette de couplage
Si cette fourchette était inutilisée sur la toute première version du Nikon F, elle a commencé à être utilisée avec le viseur Photomic sorti en 1962 et s'est généralisée à partir de 1965 et la sortie du Nikkormat FT.
Elle est alors placée autour d’un levier servant à actionner une bague, située sur le boîtier, autour de la baïonnette, correspondant à l’ouverture désirée.
Objectif monté sur un boîtier
Cette version, appelée également pré-Ai ou non-Ai, a pour particularité d’avoir la bague de diaphragme plus avancée que la baïonnette sur tout son périmètre. C’est pourquoi on ne doit pas monter un objectif de cette version sur la plupart des appareils plus récents.
Je vais vous expliquer cela plus en détails dans le prochain chapitre, avec l'apparition du couplage Ai.
J'en profite pour remercier Bruno et Jérôme pour leur relecture, à José pour ses compléments, ainsi que Patrick pour les photos qu'il me manquait.