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Bonsoir tout le monde,
Aujourd’hui nous allons parler d’un zoom que j’affectionne tout particulièrement, puisqu’il s‘agit du Nikon AF 35-70mm f/2.8D.
C’est un des tout premiers zoom professionnels à mise au point automatique de la marque jaune, qui est tout particulièrement bon pour le portrait, et en assez basse lumière du fait de sa grande ouverture.
Ce qui me plait particulièrement est son relativement faible encombrement pour un zoom de cette ouverture et de cette qualité. Il n’est évidemment pas le plus léger, du fait de sa construction toute en métal, mais n’est pas aussi imposant que ses successeurs que sont les AF-S 28-70mm f/2.8D et 24-70mm f/2.8G. Ces derniers étant pourvus d’une motorisation interne sont de fait beaucoup plus gros et lourds, et sont surtout plus assujettis aux pannes, notamment de ce moteur interne.
Historique
Successeur des zooms 35-70mm f/3.5 Ai et Ai-S, cet objectif a été produit de 1987 à 2005. C’est un zoom à pompe positionné à 70mm replié et glissant jusqu’à 35mm. La plus petite focale offre une position « macro » allant jusqu’au rapport de ¼ - ce qui n’est pas vraiment extraordinaire, mais peut dépanner ponctuellement.
Caractéristiques techniques
Sa formule optique est composée de 15 éléments répartis en 12 groupes, et son diaphragme de 7 lamelles.
Il pèse environ 670 grammes, ce qui est assez lourd pour un zoom de cette époque sur une plage focale aussi peu étendue. Mais cela reste largement inférieur à ses successeurs qui ne pèsent pas moins de 900 grammes.
Son filtre est de 62mm, ce qui correspond à la taille standard de beaucoup de filtres de l’époque et permet de ne pas avoir à acheter de filtres de grand diamètre, qui sont souvent plus onéreux. Et si, comme moi, vous avez d'autres objectifs du même diamètre, alors pas besoin d'en acheter de nouveaux.
Quelques exemples de prises de vue
Du fait de sa grande ouverture, et de son très bon piqué, cet objectif se distingue particulièrement dans des conditions de faible luminosité, mais également pour le portrait. Ces photos ont toutes été prises avec un D700 à 3200 ISO.
Entretien
Ci-dessous nous allons aborder un problème récurrent de cet objectif : la brume. En effet, de très nombreux exemplaires de cette production – qui a débuté il y a 35 ans tout de même - ont été touchés par ce problème. Cela est probablement lié à la colle utilisée pour lier les blocs optiques, qui s’est dégradée au fil du temps et est restée coincée entre les lentilles internes.
On voit bien que la vue à travers l’objectif est rendue terne à cause de cette brume.
Si cette opération n’est pas la plus compliquée, elle comporte tout de même une ou deux étapes fastidieuses et nécessite un minimum d’organisation.
Tout d’abord, nous allons marquer au feutre effaçable un repère qui nous servira pour replacer la lentille frontale au bon endroit sur l’hélicoïde.
Si vous vous demandez pourquoi, n'hésitez pas à lire cet article.
En ce qui me concerne, j’ai fait la mise au point sur l’infini et ai marqué la partie avant en face du trait de mise au point au lieu de marquer les deux parties.
Une fois le trait bien marqué, il faut enlever le caoutchouc de la bague de mise au point et tourner un peu celle-ci, afin de faire apparaître les deux vis qui maintiennent le bloc avant.
Une fois ces deux vis visibles, utiliser un tournevis plat de largeur 2.3 pour les retirer. Puis dévisser très lentement la bague avant sans la retirer.
En effet, il est impératif de marquer l’endroit où la bague et l’hélicoïde se séparent, afin de pouvoir la remettre plus tard. Comme pour le bloc avant, je me suis aligné sur le marqueur de distance.
Une fois la bague retirée, on peut voir le bloc optique central, celui qui est presque systématiquement à l’origine de la brume.
Pour pouvoir le dévisser, il faut utiliser des cônes en gomme, car l’espace est trop restreint pour pouvoir y glisser une clé à ergots, ou spanner.
Pour le dévisser, il faut appuyer le cône sur le bloc et tourner ce dernier. Pour gagner en adhérence, il est possible d’utiliser du scotch double face entre le sommet du cône et le bloc optique.
Il peut alors y avoir deux cas de figure :
- Le bloc est entièrement dévissé, et on est content,
- Comme dans ce cas de figure, le bloc s’est séparé en deux et alors là on va s’amuser à sortir sa partie arrière.
Dans mon cas – et pour mon plus grand bonheur - seul le bloc avant est sorti, et on peut voir que la brume est dans la partie restante. Il nous faut donc l’enlever également.
Comme vous pouvez le voir, il y a deux trous sur la platine prévus pour le dévissage. Or l’espace est très étroit et difficilement accessible. J’ai réussi à y introduire les embouts de mon spanner en désolidarisant les pattes et en les tenant chacune dans une main (un peu comme des baguettes chinoises).
Pour faciliter le dévissage, il est possible d’appliquer un peu d’alcool isopropylique ou de dissolvant, ce qui ramollit la colle. Attention à ne pas en verser trop car le mécanisme du diaphragme se trouve en-dessous.
Nous pouvons voir ici que c’est bien dans ce bloc que le problème de brume est présent.
La lentille est presque opaque, ce qui ternit considérablement les photos prises avec un objectif dans un tel état.
Voici le reste de la platine. La partie haute se trouve sur la gauche de la photo. La bague dorée que nous voyons ici se trouve sous le bloc que nous venons de retirer.
Cette partie peut également se dévisser, avec des cônes en gomme pour maintenir les deux parties. Cela permet de pouvoir nettoyer les deux lentilles, et surtout d’enlever la brume qui nous gêne.
Nous voyons en haut à gauche la colle qui est à dissoudre pour pouvoir dévisser la partie restante et accéder à l’intérieur des deux lentilles.
Une fois la colle dissoute, il suffit de nettoyer les lentilles. Vu leur opacité, l’opération nécessitera un nettoyage complet à renouveler plusieurs fois.
La lentille du gros bloc s’enlève de celui-ci, contrairement à l’autre qui est scellée.
Attention à bien noter sa position. Si vous la remettez à l’envers, vous devrez tout redémonter.
Pour le nettoyage, vous pouvez commencer par une application d’alcool isopropylique, puis plusieurs de nettoyant optique. Recommencez jusqu’à ce que la brume disparaisse, en laissant sécher quelques minutes entre chaque application
Une fois le groupe optique replacé, nous allons tourner la bague de mise au point sur la position infinie et positionner la partie avant de l’objectif bien en face de l’infini, comme au démontage.
Si tout va bien, lorsque vous tournerez pour voir apparaître le pas de vis, la première marque que vous avez faite sera également dans sa position initiale.
Il ne reste alors plus qu’à remettre les deux vis, et à remettre le caoutchouc protecteur en place. Avant ceci, je vous conseille de tester l’objectif pour vous assurer que toutes les lentilles ont bien été correctement repositionnées.
Si c’est le cas, vous pourrez à nouveau profiter de ce fabuleux objectif, qui a incontestablement un des meilleurs rapports qualité/prix sur le marché de l’occasion aujourd’hui.